Quand Dorothy donne une seconde chance : Porcelaine.

« Ce que j’essaie de te dire c’est que tout aurait pu etre très différent. Ca aurait pu être bien. Je regrette que ça ne l’ai pas été. » Porcelaine, tome 3. 

Il y a des lectures sur lesquelles on doit parfois revenir. Je me souviens avoir lu le premier tome de cette trilogie toute nouvellement finie à sa sortie et ne pas m’être laissée charmer. J’avais passé un bon moment, mais ce tome un me faisait une belle jambe. Je n’y avais trouvé trop rien de renouveau contrairement à mes camarades de boutique qui eux s’en étaient délectés et en vantaient le mérite auprès des clients. Oui j’écoutais leurs argumentaires et oui j’étais d’accord avec eux mais que voulez-vous, même les libraires parfois ont la lecture brouillée par leur humeur. Et je devais pas être de bonne humeur.

Le 21 février février dernier, le tome trois arrivait sur nos tables. Joie des libraires, joie des clients. Il était donc temps que je donne une seconde chance à ce titre. Le weekend suivant, j’embarquais donc les trois tomes. La totalité de l’histoire. Quelle bonne idée !

Tout commence avec quelques gamins des rues dans une grand ville quelconque. Ambiance Londres Victorien, petite peste arrogante et cruauté gratuite.  L’histoire commence in situ. Gamine, petite brunette qui n’a pas sa langue dans sa poche, est sommée par la cheffe de la bande, Belle, de grimper par dessus un mur. De l’autre côté ? L’antre d’un sorcier si riche, qu’il ne sort jamais de son domaine. A elle d’aller voler un peu d’argenterie et d’en revenir vivante, sinon Belle la fera éventrer pour la vendre au marché à la viande. Ni une ni deux, la petite grimpe mais la voilà passée dans le trou du lapin. Pas de sorcier ici, mais un scientifique qu’elle appellera mon oncle, qui fait prendre vie à la porcelaine. Il vit seul entouré de ses créatures et l’invite en toute bonhomie à rester vivre avec lui. Gamine vit désormais une vie de princesse. Mais tout un chacun possède ses secret …

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Porcelaine est une véritable saga. Nous allons suivre la vie de cette petite fille au travers de trois tomes qui portent des noms équivoques : “ Gamine” “Femme” “Mère”. Le premier tome donne à cette enfant une sorte de renaissance, en contant la rencontre avec cet homme qui devient son père. La famille et sa composition est d’ailleurs un des thèmes de ces livres. Ils questionnent le sang mais aussi l’humanité. A quel moment cesse t’on d’être humain, enfant ? A quel moment « protéger » devient « priver de liberté » ?

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Le dernier sera lapidaire car avec les deux auteurs,  Benjamin Read et Chris Wildgoose, tout se finit mal. Avec eux Oliver Twist serait mort de faim, Princesse Sarah aurait été poussée dans un puits par Lavinia et Alice ne se serait jamais réveillée d’une overdose. Ces références ne sont pas un hasard puisque ces différents récits se déroulent durant la même époque, le XIXème siècle, et se finissent tous bien. Mais Porcelaine n’est pas un récit pour les enfants. On trouve dans sa noirceur un petit côté Edgar Alan Poe en plus de la folie de Lewis Caroll et du bruit des rues de Dickens, qui ne manquera pas de vous plaire. Et si le début vous semble se passer en territoire connu, les auteurs sauront, au travers des pages, vous faire perdre pied dans un monde qui leur est propre.

Les deux auteurs sont anglais et font parti du collectif Improper Book. Le scénariste, Benjamin Read, dit principalement marcher au thé et à la fantasy. Je trouve personnellement que cela a toujours été un bon mélange. Avec Chris Wildgoose, ils ont travaillé sur des adaptations de films en bande dessinée.  Porcelaine est leur premier récit original. Souhaitons leur bonne chance dans leurs projets futurs car après Porcelaine, vous n’aurez qu’un souhait : retrouver ce fantastique duo.

Vous l’aurez compris, trois tomes plus tard, me voilà conquise.
Cela a du bon, d’avoir le loisir, de pouvoir me replonger dans un bande dessinée
qui au première abord ne m’avait pas paru exceptionnelle.
Il faut parfois juste accepter d’être passée à côté.  

Porcelaine, de B. Read  et C. Wildgoose, Delcourt, 96 p., 2014, 15€95

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