Aude Picault contre les pressions sociales avec son « Idéal Standard »

Est-ce la couleur de l’album ? Le petit sourire de Claire sur la couverture ? En tout cas, j’avais réellement hâte de lire le nouvel album de Aude Picault sorti le 6 janvier dernier aux éditions Dargaud.

Claire a 32 ans, elle est infirmière en néonatologie. Elle se réalise au travers de son métier, a des amis, une famille aimante, fait des rencontres – d’un soir ou de trois mois – mais se sent très seule. Et par dessus tout, les années ne reculant pas et le phénomène se produisant absolument tout autour d’elle, elle sent venu le temps d’avoir des enfants. Alors qu’elle commence à se dire qu’elle restera vieille fille, elle rencontre Franck. Ce n’est pas le coup de foudre mais il est insistant et plutôt sympathique. Elle finit par céder et la tendresse d’une routine partagée la fait succomber. La douceur des premiers moments s’efface un peu vite et Claire tique sur le sexisme latent de son compagnon et leur manque de communication. Mais il serait impensable de quitter une situation rassurante la confortant dans son “standard idéal”.

Aude Picault signe ici un récit très perspicace sur l’idée de confondre bonheur et épanouissement. Elle y décrit avec véracité toute une génération de couples malheureux, de futurs divorcés écrasés par les pressions sociales. Ce qui aurait pu n’être qu’une bluette sentimentale déterre en fait un à un les clichés véhiculés par une société bienveillante. Le dessin rond et rafraîchissant de l’auteur passe au motoculteur des thèmes aussi variés que le genre, la famille, l’âge, le sexisme, les tabous, la communication conjugale ou encore le culte de la minceur.

Ne passez surtout pas à côté de cette perle vitaminée
qui n’a d’autre message que l’importance de se chercher,
se comprendre, s’aimer et se rendre heureux au détriment des préjugés.

Idéal Standard de Aude Picault, Dargaud (2017), 152 pages, 17€95

Dorothy Convention