Les Suprêmes de Edward Kelsey Moore

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Odette est née dans un sycomore. En 1960, elle, Clarice et Barbara Jean ont 17 ans et sont inséparables. On les appelle Les Suprêmes à l’image du groupe de Diana Ross. Odette est une fonceuse, qui ne laisserait jamais une amie dans le mal. Clarice, prodige du piano est promise à un bel avenir. Barbara Jean est la plus jolie fille de la ville. Chez les Suprêmes, la différence est vite devenue une force. Et ce n’est pas un mal quand on habite dans les années 70 une petite communauté noire aux Etats Unis où les langues sont bien pendues !

Quarante ans plus tard, les voilà qui, comme dans leur jeunesse, le dimanche midi déjeunent accompagnées de leurs maris chez Big Earl. Elles en ont vécu des épreuves toutes ensembles. Elles en ont mené des batailles. Les enfants sont grands, les carrières assises. Et pourtant il va falloir à notre trio d’amies un sacré courage pour affronter les épreuves à venir. Clarice ne veut plus fermer les yeux sur les nombreuses aventures de son mari. Barbara Jean fait face à la solitude et à l’alcoolisme. Et Odette ? Odette, comme sa mère, commence à discuter avec les morts.

Avec beaucoup d’humour, l’auteur nous raconte la vie de cette ville où chaque nouveauté devient un vrai spectacle. La mort, l’Amour mais aussi l’évolution des mœurs, les progrès parfois encore à faire de la tolérance et du féminisme. Tout simplement la vie avec ses hauts et ses bas. Parfois la montagne est une butte, parfois c’est l’Everest.

C’est avec beaucoup de surprise que j’ai découvert qu’il s’agissait d’un premier roman pour Edward Kesley Moore. On est tout de suite séduit par les histoires des Suprêmes, tellement qu’on ne se déciderait pas à les quitter. L’auteur a révélé s’être largement inspirés des histoires racontées par les femmes de sa famille. On comprend mieux l’intensité de son récit qui sonne tellement vrai.

Les suprêmes par Kelsey Moore

Une partie de l’histoire nous est racontée à la première personne par Odette qui ouvre et finit se livre. Une série de chapitres sera racontée par un narrateur omniscient. On pourrait penser que cela rendrait la lecture alambiquée mais pas du tout ! Bien au contraire l’auteur ne s’arrête pas à une règle et nous offre un récit riche et complet en alternant ces deux voix.

« Ce ne sont pas les enfants qui ont changé, Odette, c’est toi. Tu vieillis, glissa Barbara Jean.
-Merci, c’est sympa, les filles. Quel plaisir de venir déjeuner le dimanche et d’apprendre que je ne suis qu’une vieille pie ronflante. Dieu seul sait pourquoi je continue à traîner avec vous, bande de sorcières.
Clarice éclata de rire et riposta « C’est parce qu’on est les seules à ne pas avoir peur de toi et à oser te dire en face que tu es vieille et que tu ronfles. Mais ne t’inquiète pas, on en est toutes là. »

C’est avec beaucoup de brio et d’élégance que l’auteur réussi à faire 
d’un récit chargé d’émotions et de gravité, 
une lecture plaisir, un récit feel good.

Les Suprêmes, de Edward Kelsey Moore, Actes Sud, 410 pages, 2015, 9€70.

Dorothy Convention
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